Ce n’était pas qu’un pull : quand on laisse enfin les enfants décider pour eux-mêmes
C’est une scène ordinaire, presque banale.
Une réception de famille.
Des enfants, des adultes, des échanges entre générations.
Et au détour d’un mot, d’un geste, d’une attente… quelque chose coince.
Un décalage.
Une tension discrète entre ce qu’on attend de l’enfant — et ce que lui ressent, exprime, ou refuse.
Et si on écoutait vraiment ce décalage ?
Et si on laissait les enfants décider pour eux-mêmes, sur leur corps, leurs besoins, leur façon d’être au monde ?
Une histoire de pull (et de corps)
Il est 17h, peut-être 18h.
Nous sommes en extérieur, en tenues de mariage.
Ma fille de 16 ans porte une robe, sans veste.
Ma belle-mère, inquiète, lui demande si elle n’a pas froid.
Elle répond calmement : “Non.”
Mais l’injonction revient, plus insistante :
“Tu vas attraper froid, ce serait dommage d’être enrhumée.”
Ma fille répète : “Je vais bien. Je n’ai pas froid.”
Et moi, je soutiens simplement :
“C’est son corps. Elle sait si elle a froid ou non. Elle me le dira si elle a besoin de se couvrir.”
Ça peut sembler anodin.
Mais ce moment cristallise quelque chose de plus grand.
Le refus d’écouter un enfant quand il se connaît.
Le besoin, encore trop présent, de décider à sa place.
Pourtant ma fille n’est plus tout à fait une enfant. Elle prend déjà certaines décisions toute seule.
Et à ce moment-là, malgré son âge, elle redevenait pour certains ‘juste une enfant’ — pas vraiment autorisée à dire ce qu’elle ressent.
Ce n’est pas qu’un pull. C’est une question de légitimité.
Quand un adulte impose à un enfant ce qu’il “devrait ressentir”, il lui envoie un message implicite mais puissant :
“Ce que tu dis ne compte pas vraiment.
Je sais mieux que toi ce que tu ressens.”
Et si on fait ça assez souvent, l’enfant apprend à douter de lui-même.
À croire que son ressenti n’est pas fiable.
Que ce qu’il perçoit de son corps, de ses besoins, de ses limites… doit être corrigé de l’extérieur.
Ce n’est pas un détail.
C’est un apprentissage intérieur.
Et cet apprentissage, je le trouve d’autant plus important que je suis sophrologue.
Apprendre à s’écouter et à écouter son corps est selon moi primordial. Cela nous éviterait bien des maux d’apprendre à décoder les messages que notre corps nous envoie. Et dans les messages, il y a toutes les sensations, y compris celle de chaud et de froid.
“Embrasse ta tante. Allez, un bisou.”
Dans les réceptions familiales, les scènes se répètent :
“C’est la famille.”
“Fais un effort.”
“Dis bonjour avec un sourire.”
“Ne reste pas dans ton coin.”
“Va parler aux adultes.”
“Arrête de faire ton timide.”
Et à chaque fois, je sens mes enfants se refermer un peu plus.
Alors j’interviens. Pas systématiquement, mais à chaque fois que je sens qu’il leur faut un soutien.
Je rappelle qu’on peut dire bonjour sans embrasser.
Qu’on peut être poli sans se forcer à une intimité non désirée.
Qu’on a le droit de mettre des limites à son corps et à son espace social.
Être poli, oui. S’oublier, non.
J’apprends à mes enfants à dire bonjour, à se montrer présents.
Mais je ne leur demande pas de se plier à des codes qui ne leur conviennent pas.
Je les invite à trouver leur manière de créer du lien.
Je veille à ce qu’ils ne s’isolent pas totalement.
Je vérifie qu’ils ne se réfugient pas dans un écran en permanence.
Mais je leur laisse le temps d’entrer en relation.
Parce qu’une vraie conversation ne se force pas.
Elle se construit. Elle s’invite.
Et quand elle vient, elle est sincère.
Ce que j’essaie de faire, comme mère
Je n’élève pas mes enfants pour qu’ils plaisent à tout le monde.
Je les élève pour qu’ils puissent s’écouter, se respecter, et construire des relations vraies.
Je ne leur demande pas de répondre aux attentes extérieures.
Je leur demande d’être attentifs aux autres, sans s’effacer.
Je leur enseigne l’empathie, sans sacrifier leur intégrité.
Et si cela dérange certains ?
C’est que cela vient percuter leurs propres modèles.
Leurs propres blessures.
Leurs propres “il faut”, “on doit”, “ça ne se fait pas”.
Non, ce n’était pas qu’un pull.
Ce n’était pas qu’un bisou.
C’était une scène parmi d’autres où l’on tente encore — souvent sans le vouloir — de faire rentrer les enfants dans une norme, dans un moule, dans une attente.
Moi, je choisis autre chose.
Je choisis d’écouter.
Je choisis de faire confiance.
Et surtout, je choisis de soutenir mes enfants dans leur apprentissage du monde… sans leur demander de s’abandonner pour rassurer les adultes.
Pourquoi je partage cela ici avec vous
Parce que cette posture, je la travaille chaque jour avec les parents que j’accompagne.
Elle n’est pas toujours facile.
Elle demande du courage, de la patience, de la cohérence.
Mais elle permet à l’enfant de grandir avec une vraie sécurité intérieure.
Et c’est peut-être la plus belle chose que l’on puisse lui transmettre.
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