Lâcher prise quand ma fille retourne à la cantine : apprendre à grandir avec elle
Cela faisait trois ans que ma fille était “interdite” de cantine.
Trois ans qu’elle rentrait à la maison pour déjeuner.
Alors oui, c’étaient de jolis moments.
Elle me racontait sa journée, ses copains, ses rêves.
Mais c’étaient aussi trois ans un peu à côté du groupe, sans les blagues partagées autour des plateaux, sans les secrets échangés entre deux desserts.
Trois ans à se sentir un peu différente, un peu en marge.
La raison ?
Son diabète de type 1 et sa maladie cœliaque rendaient les repas collectifs trop risqués, trop compliqués… pour l’école.
(Parce que, soyons honnêtes, elle et moi, on aurait bien aimé qu’elle y retourne. Peut-être pas tous les jours, mais parfois.
Mais j’avais choisi de ne pas livrer cette bataille-là, pour garder mon énergie pour d’autres — celles qui comptaient vraiment.)
Alors, chaque midi, je la récupérais à la sortie.
Nous rentrions à la maison, nous mangions ensemble, puis je la raccompagnais à l’école.
Au fil du temps, c’est devenu notre rituel : une parenthèse d’amour au milieu du tumulte, une bulle de douceur dans nos journées.
Une marche pour elle, une marche pour moi.
Ce qu’elle vit, elle
Cette année, en entrant en sixième, elle a pu retourner deux fois par semaine à la cantine.
Et elle est ravie.
Elle retrouve ses copines, leurs rires, leurs repas partagés.
Je crois qu’elle doit être l’une des seules à attendre la cantine avec autant de joie.
Peut-être parce qu’elle sait ce que c’est, quand on n’a plus accès à ce que les autres considèrent comme normal.
Avec ses maladies, elle a déjà dû renoncer à beaucoup de choses.
Alors cette cantine, même transformée, a un goût de liberté retrouvée.
Elle récupère un peu de normalité, même si elle se sait différente — et qu’elle accepte cette différence.
Et moi ?
Je vais pouvoir déjeuner avec les miennes de copines.
Mais, je l’avoue, ce changement crée aussi un drôle de vide.
Aujourd’hui, c’est elle qui choisit son repas, qui vérifie si elle risque d’être “gluténisée” ou pas (oui, j’ai francisé le terme anglais “to be glutened”).
S’il y a un doute, elle ne prend pas.
Alors parfois, son plateau se résume à une banane et deux yaourts.
Par précaution, elle part toujours avec un petit sandwich dans son sac.
C’est elle aussi qui calcule les glucides, fait son bolus d’insuline, vérifie sa glycémie.
Toutes ces micro-décisions qui, pour un enfant diabétique, font partie de chaque repas.
Moi, je peux suivre les chiffres sur mon application.
Mais je ne “gère” plus.
Et c’est étrange, parfois, de voir en chiffres ce que je ne vis plus en gestes.
Elle, elle gère.
Avec sa rigueur, sa force, son courage, ses erreurs peut-être — mais surtout avec une autonomie qui me bluffe.
Ce que je vis, moi
Le premier midi sans elle, j’ai mis la table pour deux.
Par habitude.
Puis j’ai retiré une assiette.
Silence.
Le vide s’est installé, discret mais dense, comme un creux dans l’air.
Le silence avait le goût d’un repas inachevé.
Depuis, je me retrouve à midi avec… du vide.
Pas de marche vers l’école.
Pas de petit aller-retour qui scandait mes journées.
Un espace.
Et même si je suis heureuse de la voir grandir, même si je suis fière de son autonomie, je sens aussi ce manque.
Changer une habitude, c’est difficile. Ça prend du temps.
C’est ce paradoxe que connaissent tant de parents : on veut que nos enfants deviennent autonomes (parfois on en rêve !), mais quand ils le deviennent, une partie de nous se sent un peu dépossédée.
Le lâcher-prise, en vrai
Lâcher prise, ce n’est pas se désintéresser.
Ce n’est pas non plus fermer les yeux.
C’est accepter que notre enfant prenne le relais, même si ça nous bouscule.
Et oui, ça fait bizarre.
C’est reconnaître que son autonomie est une victoire — et accueillir le vide qu’elle laisse derrière elle.
C’est aussi reconnaître qu’on a fait son travail de parent : les aider à grandir, jusqu’à ce qu’ils n’aient plus besoin de nous à chaque instant.
Un peu comme les oiseaux qui laissent leurs petits voler dès qu’ils le peuvent.
Mais lâcher prise, c’est aussi remplir autrement ce vide.
Alors, doucement, je réinvente mes repères.
Un café dehors.
Un carnet ouvert.
Une marche sans destination.
Ce n’est pas du temps perdu.
C’est du temps retrouvé.
Une marche pour elle, une marche pour moi
Pendant ces trois années sans cantine, j’avais pris l’habitude de marcher chaque jour : pour l’accompagner, pour la récupérer, pour rentrer ensemble.
Aujourd’hui, ce chemin n’existe plus.
Mais un autre peut naître.
Comme ce matin où, au lieu de marcher vers l’école, je suis allée prendre un café dans un parc, au soleil.
Un moment rien qu’à moi.
Une autre forme de respiration.
Oui, j’ai perdu un trajet partagé.
Mais j’ai gagné un nouveau chemin intérieur.
Grandir ensemble
Ce qui se joue ici, ce n’est pas seulement son autonomie.
C’est aussi la mienne.
Parce qu’être parent, c’est apprendre et grandir avec son enfant.
Elle grandit en apprenant à gérer son diabète, à faire ses choix.
Moi, je grandis en apprenant à lâcher prise, à réinventer mes repères, à accepter de ne pas être indispensable à chaque instant.
Et ça, parfois, ça pique un peu 😉
On grandit toutes les deux, différemment, chacune sur son chemin.
Et c’est ça, le mouvement de la vie.
À emporter avec vous
Le vide laissé par nos enfants n’est pas un manque.
C’est un espace : pour respirer, se recentrer, se retrouver.
👉 Cette semaine, notez trois choses que vous gagnez, vous aussi, dans cette nouvelle étape : un silence, un souffle, un moment à vous.
Ce sont vos nouveaux repères, vos nouvelles marches.
Et si le vide vous semble encore trop grand, commencez par une respiration guidée.
🕊 Téléchargez gratuitement le freebie Cohérence Cardiaque — un outil simple pour relâcher, apaiser et remettre du calme dans le tourbillon familial.
🎯 Et vous ?
Avez-vous déjà ressenti ce mélange de fierté et de vide quand vos enfants franchissent une nouvelle étape d’autonomie ?
👉 Partagez vos expériences en commentaire.
👉 Et si vous avez du mal à trouver un nouvel équilibre face à ces transitions familiales, je peux vous accompagner.
🔗 Découvrir mes accompagnements / Prendre rendez-vous