Responsabiliser plutôt que faire obéir : changer de regard sur l’autorité parentale
Il y a des jours où l’on aimerait que tout roule.
Que nos enfants fassent ce qu’on leur demande. Tout de suite. Sans négocier.
Pas par soif de pouvoir.
Mais parce qu’on est fatigué·e. Pressé·e. À bout parfois.
Et quand ils ne coopèrent pas, un sentiment s’installe : celui de perdre la main.
Comme si l’enfant gagnait une bataille.
Comme si, en ne cédant pas, il nous mettait en échec.
Mais si l’enjeu n’était pas de gagner… D’ailleurs y a-t-il vraiment un gagnant dans ces cas-là ?
Et si l’autorité parentale ne se jouait pas ici et maintenant, mais dans ce que l’on construit à plus long terme ?
Pourquoi voulons-nous qu’ils obéissent “tout de suite” ?
Parce que c’est rassurant.
Parce que cela donne l’illusion d’un cadre bien tenu.
Parce qu’on croit qu’on est un bon parent quand on se fait obéir tout de suite et sans vague.
Parce que l’obéissance immédiate permet d’éviter les tensions.
Et puis aussi — il faut le dire — parce que l’on a peur :
peur de ne pas être pris au sérieux,
peur qu’ils prennent le dessus,
peur de les “laisser filer”.
Mais cette peur nous pousse parfois à installer un rapport de force.
Et dans ce bras de fer, il n’y a ni gagnant, ni construction. Juste de l’usure et de l’insatisfaction (des deux côtés d’ailleurs).
Ce n’est pas toujours une question d’opposition
Un enfant ne désobéit pas toujours pour provoquer.
Il peut :
ne pas avoir compris la règle ou son intérêt,
ne pas être d’accord (tout simplement),
vouloir exister autrement que par la soumission,
être débordé.e par une émotion,
ou simplement tester (ce qui est sain dans son développement et attendu dans certaines phases).
Et si nous acceptions que l’apprentissage de la règle ne se fait pas dans l’instant, mais dans la répétition, le temps, l’expérience ?
Et si nous acceptions que parfois notre demande ou notre règle peut être injuste voire absurde ?
Le respect du cadre ne se joue pas toujours aujourd’hui, à la minute.
Il se construit parfois en semaines, en mois… en années.
Responsabiliser plutôt que faire obéir
L’objectif n’est pas d’avoir un enfant qui exécute les consignes sans réfléchir.
En tous cas ce n’est pas ma vision de la parentalité et de l’éducation.
Pour moi, l’objectif est d’élever un être humain capable de :
réfléchir à ses actes,
faire des choix,
et en assumer les conséquences.
Cela ne veut pas dire tout accepter. Loin de là.
Cela veut dire sortir de la logique : tu fais (comme je te dis / ce que je te dis de faire), sinon tu es puni.e.
On peut poser un cadre clair et laisser de la place à la responsabilité.
Quelques reformulations qui changent tout
🔁 “Range ta chambre, sinon tu ne sortiras pas.”
✅ “Tu pourras sortir quand ta chambre sera rangée.”
🔁 “Fais tes devoirs, sinon pas d’écran.”
✅ “Tu auras accès aux écrans quand les devoirs seront faits.”
🔁 “Si tu ne fais pas ton sac, tu seras privé·e de sortie.”
✅ “Tu as choisi de ne pas préparer ton sac. Demain, tu géreras les conséquences avec ton professeur.”
Ce n’est pas une formule magique.
Mais c’est une posture différente : celle qui place l’enfant comme acteur de ses choix.
Car oui l’enfant a le choix : de faire ou pas, ou de faire différemment, mais c’est sa décision, son choix.
Il ne subit plus une menace : il choisit, il apprend, il assume.
Adapter à l’âge et à la maturité
Bien sûr, on ne parle pas ici de tout laisser faire à un enfant de 3 ans ou même de 15 ans (car oui même à 15 ans le cadre doit être clair et posé, et il a évolué avec le parent et l’enfant).
Mais très tôt, il est possible de mettre en mots des conséquences compréhensibles et logiques :
À 5 ans, on peut comprendre qu’on ne sort pas sans chaussures.
À 8 ans, on peut apprendre qu’un oubli a une conséquence.
À l’adolescence, on découvre que les choix engagent.
Laisser faire ≠ céder
Accepter qu’un enfant vive les conséquences de ses actes, ce n’est pas céder.
Ce n’est pas non plus renoncer à son rôle de parent.
Je dirai même que responsabiliser son enfant et le rendre autonome est une partie du rôle d’un parent.
C’est choisir de ne pas contrôler chaque geste, pour lui permettre d’apprendre.
Éduquer, ce n’est pas empêcher l’erreur.
C’est accompagner ce qu’elle enseigne.
Grandir ensemble, pas se dominer
Notre rôle de parent n’est pas de tout contrôler.
Ni d’éviter toute “bêtise”ou toute erreur.
C’est d’aider notre enfant à :
réfléchir,
expérimenter,
grandir… en autonomie et en conscience.
Cela demande parfois d’abandonner le rapport de force, pour construire une vraie relation de confiance.
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