📱 Scroll vs devoirs : le piège de la récompense inversée
🌀 Série : Machine à laver & surcharge mentale – épisode 2/5
Ce que la dopamine (et mon ado) m’ont rappelé sur la motivation
L’autre jour, ma fille était plongée dans son téléphone.
Mais pas en mode “zombie TikTok” (d’ailleurs elle n’a pas Tik Tok).
Elle faisait des recherches sur les tablettes graphiques. Elle se renseignait. Elle apprenait. Elle vibrait.
Elle me montrait ses trouvailles, ses hypothèses, ses “tu savais ça toi ?” et “tu en penses quoi ?”.
Et puis, presque mine de rien, elle m’a lancé (oui elle me connaît bien) :
“Mais franchement, qu’est-ce que ça change si je scrolle trois heures aujourd’hui et que je fais mes devoirs trois heures demain ?”
Sur le coup, j’ai senti la réponse automatique monter.
Un réflexe. Une envie de dire “Mais ça change tout !”.
Mais j’ai respiré.
Et j’ai choisi de me taire.
De l’écouter. Jusqu’au bout.
Parce qu’au fond… cette question-là, je me la pose aussi parfois.
Parce que cette logique, je l’entends chez mes clients ados, parents… et même adultes débordés.
Et surtout, parce qu’elle dit beaucoup plus que ce qu’elle semble dire.
Ce n’est pas le scroll le problème
Je vais être honnête : je ne suis pas anti-scroll.
Je le pratique aussi.
Parfois pour m’informer, parfois pour me détendre, parfois pour m’éviter.
Et parfois… juste parce que c’est là.
Je ne crois pas que le plaisir soit un ennemi.
Ni que chaque minute doive être utile.
Ni que les ados doivent mériter leur écran.
Mais il y a un truc, dans ce qu’elle m’a dit, qui m’a fait tilt.
Un petit décalage qui m’a ramenée à ce que je vois souvent : chez mes clients, chez mes enfants… et chez moi.
Le cerveau n’aime pas toujours le dessert avant l’entrée
On a tous nos préférences.
Certains aiment commencer par le sucré. D’autres par le salé.
Mais le cerveau, lui, a ses propres logiques.
Et l’une d’elles, c’est celle du contraste.
Quand on commence par un plaisir immédiat - dopamine facile, instantanée -, puis qu’on tente de se mettre à une tâche complexe … le contraste est rude.
Le plaisir a déjà “occupé l’espace”.
Le cerveau est repu, engourdi.
Et ce qu’il reste, c’est une impression de vide… pas d’élan.
Chez les ados, c’est encore plus flagrant
Leur cerveau en chantier cherche de la stimulation. Beaucoup.
Et il n’est pas encore bien équipé pour différer l’effort.
Leur cortex préfrontal - celui qui dit “allez, on s’y met quand même” - est encore en travaux.
Donc quand ils commencent par le plaisir… l’effort vient trop tard.
Ou il n’arrive pas du tout.
Et ce n’est pas une question de volonté.
C’est de la chimie. De la fatigue. Et parfois, un peu de découragement déguisé.
Et moi, qu’est-ce que je lui ai dit ?
Je ne lui ai pas dit “fais comme je dis” (même si j’en mourais d’envie).
Je lui ai parlé de moi.
De ces fois où je me suis laissée bercer par la promesse : “Je me pose un peu maintenant, je bosserai après.”
Et où “après” ne venait pas.
Ou arrivait trop tard. Ou trop lourd.
Je lui ai partagé mon expérience.
Pas comme une leçon.
Comme une piste.
Et je lui ai dit : “Essaie. Regarde ce que ça te fait, à toi.”
Parce que c’est ça, accompagner.
C’est proposer un cadre. Pas enfermer.
C’est rester disponible, même quand l’autre prend un chemin qu’on n’aurait pas choisi.
Ce que dit la recherche (mais en version décodée)
Tu connais peut-être le fameux “test du marshmallow”.
Un enfant, un chamallow sur la table, et cette question : “Tu préfères un maintenant ou deux si tu attends ?”
Longtemps, on a dit : ceux qui attendent auront plus de réussite.
Mais depuis, d’autres chercheurs ont nuancé : ce n’est pas qu’une histoire de volonté, c’est aussi une question de confiance.
Est-ce que l’enfant croit qu’il y aura vraiment un deuxième marshmallow ?
Est-ce qu’il a appris que le monde est fiable ?
Ou qu’il faut prendre ce qu’on peut, tout de suite, parce qu’on ne sait jamais ?
La vraie leçon, ce n’est pas “savoir attendre”.
C’est sentir qu’on peut choisir, dans un cadre sécurisant.
Et là, le rôle du parent change.
Parce que finalement grandir n’est-il pas synonyme d’apprendre à faire des choix et à les assumer ?
À retenir, sans pression
🔹 Le plaisir n’est pas un problème.
🔹 Mais l’ordre dans lequel on l’installe peut faire toute la différence.
🔹 Une micro-action avant la pause change souvent l’énergie.
🔹 Laisser l’autre tester vaut mieux que forcer à faire “comme il faut”.
🔹 Éduquer, c’est parfois se taire, et rester là.
Et vous ?
Vous la connaissez, cette sensation de pause volée… qui rend le retour au boulot encore plus dur ?
Ou cette satisfaction après avoir coché une tâche, même petite, avant de souffler ?
Quelle serait ta micro-action pour enclencher un élan cette semaine ?
Vous pouvez me l’écrire, ou juste vous la dire.
Mais faites-le.
Parce que parfois, l’élan vient juste après un tout petit pas - le premier, le plus dur.
🌱 Accompagner nos enfants, ce n’est pas leur imposer le bon chemin.
C’est leur donner des repères, les laisser tester… et rester là.
En tant que coach, c’est aussi ce que je fais avec les parents que j’accompagne : on ne cherche pas la méthode parfaite (qui n’existe pas), mais des ajustements concrets, au plus près de qui vous êtes, et de ce que vous vivez.
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