Même Barbie peut être diabétique : quand la représentation change tout
Parfois, il suffit d’un post pour remuer quelque chose de profond. D’une image pour raviver quatre ans de quotidien, d’adaptation, d’apprentissages et de combats silencieux.
L’autre jour, mon frère m’a envoyé un lien. Un post de Creapills annonçant que Mattel allait lancer une nouvelle Barbie : une Barbie diabétique, équipée d’un capteur de glycémie et d’une pompe à insuline.
J’ai immédiatement pensé à ma fille.
Elle a 11 ans aujourd’hui. Et même si elle ne joue plus vraiment à la poupée (enfin encore un peu mais moins qu’avant), j’ai su instinctivement que cette Barbie-là, elle aurait aimé l’avoir.
Peut-être pas pour jouer. Mais pour se sentir vue.
💔 Quand les commentaires piquent
Par curiosité, je suis allée lire les commentaires sous le post.
Je ne sais pas pourquoi je m’inflige encore ça.
Enfin si je sais, je trouve toujours intéressant de voir ce que les gens disent, car au final tous ces commentaires pourraient être entendus au café du coin si on tendait l’oreille ou à un repas de famille d’ailleurs.
Certains trouvaient l’initiative bienvenue, d’autres hurlaient au marketing, à la Barbie “malade”, au réalisme mal placé.
“Quand on joue, on ne veut pas voir la réalité.”
“Encore une tentative de se faire de l’argent sur le dos des malades.”
“C’est n’importe quoi, une Barbie avec une pompe à insuline !”
Et j’ai pleuré.
Pas parce que ces commentaires m’étaient directement adressés, mais parce que c’est précisément ce regard-là que ma fille redoute depuis quatre ans.
🎈 Porter sans devoir expliquer
Ma fille vit avec un diabète de type 1 depuis l’âge de 7 ans.
Elle porte un capteur en continu et, depuis un an, une pompe à insuline. Deux dispositifs qui lui sauvent la vie au quotidien, mais qui sont visibles.
Et ça, pour elle, c’est parfois lourd.
Pas à cause du dispositif. À cause des regards.
Des “c’est quoi ça ?” dans la cour.
Des “ma pauvre…” maladroits.
Des “tu peux manger des bonbons toi ?” glissés sur le ton de la blague.
Des “ah bon, c’est à cause du sucre ?” à expliquer pour la centième fois.
Alors elle cache, quand elle peut.
Elle choisit ses habits et crop tops selon l’emplacement du capteur et de la pompe.
Elle refuse le ventre, trop visible.
Elle accepte la cuisse, à condition que le short le masque un peu.
Et elle en a marre de devoir répondre à tout ça.
Ce n’est pas de la honte.
C’est juste de la fatigue.
👜 Ce que les autres ne voient pas
Personne ne voit les sacs qu’on remplit pour chaque sortie.
Les calculs à faire à chaque repas.
Les nuits entrecoupées d’hypo.
Les feuilles à remplir pour que la piscine soit accessible.
Les PAI à relire et expliquer encore.
Les activités auxquelles elle ne peut participer que si je suis présente.
Un jour, je n’ai pas pu accompagner à la piscine. Elle est restée à l’école.
Sans que je sois prévenue.
Le personnel avait eu peur. Pas lu le protocole. Pas osé gérer.
Et elle, elle n’a rien dit. Parce qu’elle commence à s’y habituer.
À ce que ce soit plus simple de ne pas inclure. Et ça ça me rend folle.
Alors oui, voir une Barbie porter fièrement un capteur, c’est symbolique.
Mais pour nous, ça ne l’est pas.
C’est énorme.
✨ Représentation et normalité
Voir une poupée qui ressemble un peu à elle, ce n’est pas rêver de devenir “malade”.
C’est rêver de ne pas être la seule.
De ne pas avoir à expliquer.
De ne pas devoir justifier, enseigner, rassurer, tout le temps.
C’est rêver de vivre aussi normalement que Barbie.
Avec des amies. Avec des projets. Avec des aventures. Avec une pompe.
Cette année, ma fille a fait sa première colo grâce à l’AJD (l’Aide aux Jeunes Diabétiques).
Et pour la première fois, elle n’avait pas à expliquer.
Tout le monde savait. Tout le monde comprenait. Tout le monde était soit diabétique soit formé au diabète, et juste ça ça change la donne, cela enlève un poids invisible mais qui est là au quotidien.
Et elle était bien. Juste bien. Juste une enfant parmi d’autres.
🎵 Épilogue musical
Au moment où j’écris ces lignes, j’écoute “So What” de Pink.
Et ça me semble parfaitement à propos.
Oui, ma fille est diabétique.
Oui, elle vit avec un capteur et une pompe.
Oui, elle est puissante.
Et non, elle n’est pas “malade”.
Elle est vivante.
Elle est forte.
Elle est elle. Tous simlement.
Et maintenant, même Barbie peut lui ressembler.
💡 Pour aller plus loin
📍 Tu veux comprendre ce que c’est que de vivre avec un DT1 au quotidien ?
📌 Petite Note Pédagogique
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune, sans lien avec l’alimentation ou le mode de vie.
Il nécessite une surveillance constante de la glycémie et une insulinothérapie continue, souvent facilitée aujourd’hui par les capteurs et les pompes à insuline.
L’AJD – Aide aux Jeunes Diabétiques fait un travail remarquable pour soutenir les enfants et adolescents atteints de DT1 et leurs familles.
→ En savoir plus sur leur site