“Fuck Around and Find Out”… ou l’art de lâcher prise sans lâcher l’enfant

Parfois, j’ai l’impression d’être la directrice des opérations d’une petite PME familiale à flux tendu.

Préparer les sacs.
Penser à leur rappeler ce qu’ils ont déjà entendu trois fois. (Répéter encore et encore et veiller à ce que le message soit bien passé).
Vérifier les tenues.
Vérifier les devoirs. (a minima qu’ils ont été faits et que les leçons ont été apprises)
Vérifier qu’ils ont bien vérifié.

Et puis, il y a ce moment.
Celui où je regarde mon enfant et je me dis :

“Tu veux tester ? Vas-y. Tu verras.”

C’est là que l’expression “Fuck Around and Find Out Parenting” (ou FAFO parenting, pour les intimes) a résonné.
D’abord en clin d’œil. Ensuite, comme une évidence.

Non, ce n’est pas une démission.
Pas un “je m’en fous”. Surtout pas un “je m’en fous”. En tous cas pas de ma part.
C’est autre chose : une fatigue lucide, une confiance dans l’expérience, une posture qui dit :

“Je suis là… mais je ne vais pas faire à ta place.”

Et quelque part, en y regardant bien, c’est exactement ce que j’essaie de transmettre dans mes accompagnements (et à la maison aussi).

Et ce que j’écris aussi, ici, pour vous, sur ce blog.

FAFO, ce n’est pas une insulte. C’est une posture.

Alors perso je connaissais le FIFO, le FOMO, le YOLO … maintenant il y a le FAFO … L’expression vient d’internet.
D’un mème, même.
Une sorte d’avertissement ironique :

“Tu veux faire n’importe quoi ? Fais-le. Tu verras bien ce que ça donne.”

En parentalité, ça donne quelque chose comme :

– “Tu veux sortir sans ton manteau ? OK. Tu verras.”
– “Tu refuses de réviser ton contrôle ? Très bien. Tu verras.”
– “Tu veux tout gérer tout·e seul·e ? Vas-y. Je te regarde faire.”

À première vue, c’est provoc. Presque jouissif quand on est à bout.
Cela pourrait ressembler à une forme de vengeance ou de détachement.

Mais comme souvent en parentalité (et dans la vie en général), tout dépend de l’intention.

FAFO (prononcez faffo) peut être profondément éducatif - quand c’est fait avec conscience, et avec bienveillance.

C’est le refus de tout porter pour l’enfant, sans pour autant se désengager.
C’est l’envie de faire de la place à l’apprentissage, pas au prix du lien, mais dans un espace suffisamment sécurisant pour que la prise de risque soit possible.

Et c’est là que ça devient intéressant.

Pourquoi cette posture résonne aujourd’hui ?

Parce qu’on est épuisé·es.
Pas juste fatigué·es.

É-pui-sé·es.

Épuisé·es de devoir “faire au mieux” en permanence.
Ou plutôt, soyons honnêtes : de devoir faire parfaitement.

Épuisé·es de jongler entre les injonctions contradictoires :

  • être bienveillant·e mais poser des limites fermes,

  • être à l’écoute sans se laisser marcher dessus,

  • ne pas crier, ne pas punir, mais rester ferme (surtout à 19h12 un jeudi soir, entre les devoirs, la purée et la fatigue de la semaine).

Épuisé·es d’avoir l’impression que le moindre faux pas pourrait générer un traumatisme ou altérer définitivement le développement du cerveau de nos enfants.

Comme si oublier un goûter pouvait déclencher une faille d’attachement, ou qu’un moment de tension allait provoquer une phobie scolaire.

Et puis il y a toutes ces ressources, ces livres, ces experts, ces comptes Instagram, ces vidéos TikTok qui nous donnent… quoi ?
Des outils ? Oui.
Mais aussi, parfois, le vertige du trop-plein.

Trop de conseils.
Trop de méthodes.
Trop de “il faut”.

Alors FAFO arrive comme une respiration. Comme si, à force de tout vouloir gérer, on avait oublié de respirer. FAFO, c’est une bouffée d’air, une expiration lente. Un soulagement. Un soupir qui fait du bien.
Une brèche dans le mur de la surresponsabilisation.
Une permission.

“Tu veux faire comme tu veux ? OK. Fais ton expérience. Je suis là.”

Ce n’est pas un abandon.
C’est une forme d’allègement.
Une manière de dire à nos enfants :

“Tu as le droit d’apprendre autrement qu’en m’écoutant.”
Et à nous-mêmes :
“Tu as le droit de ne pas tout porter.”

FAFO, oui… mais à ma sauce

Chez moi, FAFO ne rime pas avec sarcasme.
Ni avec “tu l’as bien cherché” ou “Je te l’avais bien dit”.
Je ne laisse pas mes enfants seuls dans l’arène. Ce serait injuste. Et contre-productif.

Mais je ne suis plus leur filet de sécurité 24/7.

Je l’ai été. Longtemps. Trop longtemps.
Et ça ne m’a pas réussi - ni à moi, ni à eux.

Alors j’ai rangé ma cape de super-héroïne éducative.

FAFO, dans ma maison, ça ressemble à ça :

– “Tu ne veux pas prendre ton manteau ? OK, emporte-le dans ton sac. Tu décideras plus tard.”
– “Tu veux réviser à la dernière minute ? Je ne vais pas t’obliger à le faire plus tôt. Tu verras ce que ça donne.”
– “Tu refuses de goûter ce plat ? Très bien. Mais il n’y aura pas de plan B.”

Et toujours, derrière, un cadre invisible mais bien là :
Je suis là. J’écoute. J’observe. Je soutiens… mais je ne me précipite plus.
Je ne compense plus.
Je ne fais plus à leur place ce qu’ils peuvent expérimenter eux-mêmes (à condition que ce ne soit pas dangereux bien sûr).

FAFO, ce n’est pas un style “cool” ou une mode TikTok. (Même si cela pourrait le devenir).
C’est, à mon sens, une posture consciente, fondée sur la confiance dans le processus d’apprentissage.
Et sur un certain lâcher-prise - que j’ai mis du temps à apprivoiser, moi aussi.

FAFO + bienveillance = repères vivants

Ce que je transmets aux parents que j’accompagne, ce n’est pas une méthode.
C’est une boussole.

FAFO peut devenir un outil puissant à condition d’y mettre :

  • de l’intention,

  • de la clarté intérieure,

  • de la présence émotionnelle.

Ce n’est pas :

“Débrouille-toi.”
C’est :
“Tu peux tester. Tu peux tomber. Et je suis là.”

C’est aussi un :

“Tu peux essayer. Tu es capable. Et si tu tombes, je te relèverai - mais je ne t’empêcherai pas de tomber.”

C’est un repositionnement, une façon de sortir de l’extrême contrôle sans tomber dans l’abandon.

FAFO, c’est dire :

  • “Je ne t’abandonne pas.”

  • “Mais je ne vais pas vivre ta vie à ta place.”

  • “Tu peux apprendre à travers les conséquences.”

  • “Et tu peux revenir vers moi si tu en as besoin.”

C’est une co-éducation, où l’enfant devient acteur de son expérience, et non simple récepteur de nos consignes.

À ne pas confondre avec…

FAFO ne veut pas dire “tu vas payer pour avoir désobéi”.
Ce n’est pas un rapport de force.
Et ce n’est pas adapté à tous les âges.

Les tout-petits, par exemple, n’ont pas encore la maturité cognitive pour anticiper les conséquences de leurs actes.

Ils ont besoin de cadre, d’accompagnement actif, de répétitions. Pas de solitude éducative.

FAFO n’est pas une technique. Ce n’est pas une recette non plus.
C’est un pari de confiance, à ajuster selon les enfants, les situations, et nos ressources du moment.

Et si on cessait de vouloir tout “réussir” ?

On nous a vendu l’idée que “réussir” sa parentalité, c’était :
→ anticiper,
→ prévenir,
→ encadrer,
→ éviter toute chute.

Mais parfois, la vraie réussite, c’est d’accepter de laisser l’enfant vivre ses propres bosses. Même si ça pique un peu. Même si ça gratte notre instinct de protection.

Il y a une force tranquille dans le fait de dire :

“Ce n’est pas mon rôle de t’éviter toutes les erreurs.
Mais je serai là, pas loin, quand tu en feras.”

Ce n’est pas une recette.
C’est un changement de regard.
Une permission. Qu’on s’accorde et qu’on lui accorde par la même occasion.
Un lien qui reste, même quand on lâche un peu le guidon.

Peut-être que c’est ça, au fond, notre job de parent :
Offrir des repères… et la liberté d’en tester les contours.

FAFO, ce n’est pas une révolution. C’est une respiration. Et parfois, c’est tout ce dont on a besoin pour continuer.

Envie d’explorer ce type de parentalité dans votre propre réalité ?

🧭 Je vous accompagne pour poser un cadre clair sans vous épuiser, cultiver une parentalité incarnée, et faire la paix avec les injonctions contradictoires.

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👉 Déjà vécu un moment FAFO sans le savoir ? Racontez-le moi en commentaire, ou partagez cet article avec un·e parent·e qui en aurait bien besoin.

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